L'été 2022 comme virage ?
Avant-propos
Limites planétaires. Dérèglement climatique. Transition écologique. Ressources qui se raréfient.
Quelques soit les termes utilisés et l’approche, le sujet des problèmes environnementaux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés est devenu prépondérant.
Si la mission de notre cabinet CHANGE est d’accompagner les organisations à devenir résilientes face aux défis écologiques futurs en utilisant des stratégies d’adaptation et d’atténuation, il nous parait fondamental de réaliser une petite synthèse du constat actuel et de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Avant tout de chose, le sujet est extrêmement complexe, et des experts de chaque thématique existent ; c’est pour cela que si nous aspirons à vous aider à y voir plus clair, nous vous invitons évidemment à aller plus loin, et nous tâcherons de nourrir votre curiosité grâce à des articles ciblés et un recueil documentaire que nous alimenterons régulièrement.
Par où commencer… ?
Développé par une équipe de spécialistes des sciences environnementales menée par Johan Rockström, le concept de limites planétaires réfère à des indicateurs selon lesquels les conditions de vie de l'espèce humaine sont assurées.
Les limites planétaires sont au nombre de neuf : le dérèglement climatique, l’érosion de la biodiversité, l'appauvrissement de la couche d'ozone, la pollution atmosphérique en aérosols, l'acidification des océans, le changement d’affectation des sols (déforestation), la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore, l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère et finalement, la perturbation du cycle de l’eau douce.
Ces phénomènes impactent l'équilibre terrestre: lorsque que les seuils sont franchis, nous nous exposons à des changements environnementaux brutaux.
Sur ces neuf limites, six sont déjà dépassées (dont deux ces 9 derniers mois). Lors du Swiss Impact Forum, en Septembre 2022 à Berne, M Rockström nous a confirmé la tendance négative, et le probable franchissement d'une 7e limite: la perturbation du cycle de l'eau douce.
Pour conserver une chance d’évoluer dans des conditions favorables à la vie telle qu'on la connaît à l'heure actuelle, il est urgent d'agir.
Nous traiterons dans cet article d’une limite en particulier : le changement climatique.
Et le changement climatique dans tout ça ?
Il existe un consensus scientifique (au travers du GIEC, organisme référent au niveau international) indiquant que la planète se réchauffe au global.
D’où le raccourci erroné d’appeler "changement climatique" le "réchauffement Climatique".
Mais pourquoi n’est-ce pas tout à faire exact ?
Car toutes les régions ne se réchauffent pas de la même manière, et certaines vont même se refroidir. Cependant, nous sommes déjà à +1,2°C par rapport aux températures préindustrielles en moyenne sur terre. La dernière fois que cela est arrivé, c’était il y a plus de 100.000 ans. Ca pose question, surtout quand on sait que nous l’augmentation actuelle s’est donc faite en 120 ans…
Pourquoi en sommes nous là ?
Le dérèglement climatique a pour cause l’activité humaine, et plus précisément, sa consommation des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole).
Celle-ci génère des gaz à effet de serre (GES) qui renforce un phénomène à l’origine naturel et ayant permis la vie sur terre : l’effet de serre. Quand ces GES sont en quantité trop grande, il réchauffe l’atmosphère et mettent nos équilibres en péril.
Les scenarii mis en avant par le GIEC indiquent que d’ici 2100, la hausse des températures se situera entre 1,5°C à +6°C. Si nous atteignons les objectifs de neutralité carbone à 2050 fixés dans les accords de Paris en 2015, alors nous devrions rester proche des 1,5°C.
Pour situer les choses, il est important de se rendre compte qu’à ce niveau de hausse, et c’est le scénario le plus optimiste, les conséquences seront déjà graves : des stations de ski qui disparaissent, une pollution atmosphérique nécessitant des adaptations pour tous, des espèces qui disparaissent, des littoraux transfigurés, des rendements agricoles moindres, des catastrophes naturelles en série avec entre autres des conséquences sur les assurances (canicules, inondations etc.).
A ce titre, le rapport officiel du Sénat permet d’avoir une idée précise de la projection de cette réalité à notre niveau, en France :
(cf. rapport du Sénat)
Pour la petite histoire, en l’état actuel des choses, les plans actuels de réductions des émissions des pays dans le monde nous amènent, si ils étaient respectés ou tout simplement déjà mis en œuvre, à une augmentation moyenne de +3°C… !
Et là, si jamais vous vous dites que le GIEC est pessimiste, alors dommage, cette information vient du monde l’entreprise. (À titre d’exemple : Veolia)
On fait quoi maintenant ?
Maintenant, concrètement, il faut faire ce qu’on nous avait demandé de faire en 1972, soit il y a 50 ans. Car nous savions tout, déjà.
Meadows avait en effet donné la marche à suivre dans son livre « Les limites de la croissance » en 1972, les compagnies pétrolières et nos gouvernements étaient au courant de l’urgence dissimulant les conséquences catastrophiques de leurs activités (Total, par exemple en 1971 - lien - , ou encore Exxon avec le président Carter en 1977 - lien -). Les intérêts économiques avant tout. Audétriment de tout.
Alors face à ce qui nous attend, à court terme, il faut donc réduire cette consommation (d’énergie et donc de produits et services) le plus rapidement possible, mais surtout CHANGER radicalement de société. Là encore, c’est le rapport du GIEC qui le souligne.
Cela doit se faire en comprenant tout d’abord la situation.
Puis en acceptant notre responsabilité.
La sobriété est un chemin ; la réduction anticipée de notre consommation également.
Par ailleurs, repenser nos schémas et nos certitudes : La croissance peut-elle être infinie ? La croissance mène-t-elle à la prospérité ? Si le PIB met de côté des variables comme la qualité de vie, l’épanouissement et le bonheur, pourquoi cet indicateur est-il la base de tout notre système économique ?
A ce titre, il est intéressant d’approfondir le thème de la décroissance : Jason Hickel, anthropologue économique américain la définit ainsi « La décroissance est une réduction planifiée de l’utilisation de l’énergie et des ressources visant à rétablir l’équilibre entre l’économie et le monde du vivant, de manière à réduire les inégalités et à améliorer le bien-être de l’homme”.
La décroissance n’est donc pas le contraire de la croissance.
Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=GdtMPjs4Dc0
Au niveau des entreprises et des organisations, car c’est bien la spécialité de notre cabinet CHANGE, des actions doivent être prises. Dans un monde en pleine mutation, la question du rôle des entreprises et de leur modèle de fonctionnement se pose de manière évidente.
Nous vous invitons à découvrir ce podcast d’un haut dirigeant de Bouygues, clairvoyant sur la situation et souhaitant informer le plus grand nombre de l’urgence dans laquelle nous nous trouvons.
https://www.sismique.fr/post/en-finir-avec-le-green-washing-fabrice-bonnifet
Enfin, et afin de donner des pistes de réflexions aux plus grands défenseurs de notre système actuel, contrairement aux idées reçues, une future croissance verte, rendue possible grâce à l’innovation technologique, semble se heurter à ces mêmes limites planétaires que nous dépassons année après année. Le découplage, c’est à dire réussir à croître sans augmenter les atteintes à l’environnement, semble une notion bien naïve et sans fondement scientifique.
Pour en savoir plus :
https://www.carbone4.com/publication-decouplage
Nous reviendrons plus en détail sur certaines notions de cet article prochainement.
Nos contenus sont là pour à la fois aborder un vaste spectre de sujets, mais également pour en creuser tout particulièrement certains, selon différents critères : si nous jugeons notre expertise et compétence suffisante et légitime, l’actualité du moment, vos retours et curiosités exprimés etc.
Que l’aventure commence. Nous souhaitons être le plus nombreux possible et aurons besoin de vous.